Errur'ho

Je suis Errur'ho, autrement nommé le fléau des fous.

J'ai vécu il y a plus de 1000 ans et je vis encore aujourd'hui. Enfin, vivre est un bien grand mot. Comme dans toute chronique, il y a un début ainsi qu'une fin : commencer par le début me semble approprié, le lecteur en jugera.


Je suis né avant le grand cataclysme, en même temps que ma soeur jumelle. Pour être plus précis, je suis mort-né, l'instinct de survie de ma soeur jumelle l'ayant poussé à me dévorer dans le ventre de notre mère. Deux âmes pour un seul corps, nous avons ainsi cohabité pendant des années. Ma soeur ne se rendait compte de rien, bien qu'il lui semblait souvent qu'il lui manquait une partie d'elle même. Pour cause, je préférais parfois me refugier dans l'âme de son épée, dont les pensées ne perturbaient pas les miennes.

Je suis resté assez longtemps dans cette lame pour comprendre ce qu'était le prix du sang, pour finir par haïr les fous qui pensaient atteindre la toute-puissance dans la destruction. Le degoût que m'inspirait ma soeur lorsqu'elle usait de cette lame sans discernement me poussa à la rendre folle en jouant avec son esprit.

J'ai cru ainsi pouvoir m'accaparer son corps pour mon usage seul, mais je compris qu'à moi aussi, il me manquait une moitié de moi-même, la part féminine qui révélait la beauté des choses, celle qui m'empechait de massacrer tous les fous qui s'entredéchiraient pour ces oeufs sacrés : les dofus.

Après avoir révélé ma présence à ma soeur, nous finîmes par agir de concert pour contrer le cataclysme qui se profilait, chacun avec son point de vue et ses méthodes, mais avec un seul corps. L'histoire a montré que nous avons échoué.

Lors du Grand Cataclysme, ma soeur perdit la vie. Je pus me refugier dans sa lame et emmener son âme blessée avec moi. Je ne sais plus combien d'années je suis resté enfermé dans cette lame, veillant sur ma soeur, au beau milieu des restes d'un champ de bataille.

Il y a peu, un être étrange a ramassé cette épée. J'ai pu ravager son esprit pour en nourrir ma soeur, mais j'ai peur que cela ne suffise pas. Ma solitude m'a rendu trop sauvage, et j'ai peur d'y être allé trop fort. Le corps de cet être est en train de déperir aussi et il s'efforce de me rejeter le plus violemment possible avant son dernier souffle. Je compte relater ces évènements en détail sur ce parchemin, avant la fin.

Il me faut à tout prix trouver un moyen de prendre forme, et de soigner l'âme agonisante de ma soeur.